Vin de paille contre vin paillé : pourquoi la Corrèze est sous le feu du Jura
Les vignerons de Corrèze n’ont plus le droit d’utiliser le terme “vin paillé” sur leurs étiquettes suite à un arrêté du Conseil d’État. Une décision obtenue par le Jura après un long combat dans le but annoncé de protéger sa mention traditionnelle “vin de paille“.
Le Jura est-il jaloux de son célèbre vin liquoreux appelé vin de paille ? C’est probablement ce que pensent les vignerons de Corrèze.Ces derniers, sous la pression des Jurassiens, ont désormais interdiction d’utiliser la mention vin paillé sur leurs étiquettes. La Société de Viticulture du Jura s’est en effet battue, jusqu’à porter l’affaire devant le Conseil d’État pour, obtenir cette interdiction.
Selon cette Société, le terme “vin paillé” est trop proche de la mention “vin de paille” utilisée dans le Jura et peut prêter à confusion chez le consommateur.
RAPPORT DE FORCE À L’AVANTAGE DU JURA
De quoi s’agit-il ? Les termes “vin de paille” et “vin paillé” renvoient à des méthodes de vinification différentes. Pour le vin de paille, le passerillage (action de faire vieillir le raisin traditionnellement sur lies de paille) dure au moins 6 semaines et le vin est élevé en fût de chêne pendant trois années. Alors que pour le vin paillé, le passerillage dure au minimum quatre semaines et le vieillissement au minimum deux ans.
Le rapport de force est à l’avantage des Jurassiens. Alors qu’il n’y a que 17 vignerons corréziens qui produisent du vin paillé, répartis sur 20 hectares, les vignerons jurassiens produisant du vin jaune sont environ 70, sur 65 hectares.
L’histoire de cette bataille du vignoble remonte à 2003. À l’époque, “les producteurs de vins de paille ont tenté de dissuader les Corréziens de continuer à utiliser la mention “vin paillé” sur leurs bouteilles” se souvient Daniel Cousin, directeur de la société de Viticulture du Jura. Dans l’esprit des vignerons jurassiens, il s’agit de protéger leur spécificité et leur identité.
LE VIN PAILLÉ PORTE-T-IL À CONFUSION ?
Les 17 vignerons corréziens qui produisent du vin paillé continuent néanmoins d’utiliser la mention qui fait polémique. En 2011, le vin paillé est reconnu comme une mention traditionnelle de l’IGP (indication géographique protégé) Vin de la Corrèze par le ministère de l’Agriculture. Un cahier des charges est établi, qui donne un cadre légal au vin paillé. Suite à cette décision du ministère, une PNO (procédure nationale d’opposition) est ouverte pour une période de deux mois. Cette procédure permet aux personnes qui souhaitent s’opposer à cette décision de s’exprimer.
La Société de viticulture du Jura fait jouer cette PNO et tente une nouvelle fois de démontrer que le “vin paillé porte à confusion“. En vain. L’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) rejette la demande et le cahier des charges est validé.
Le Jura ne rend pas les armes pour autant. Le 1er mars 2012, la Société de viticulture du Jura demande au ministère de l’Agriculture l’abrogation de la mention traditionnelle vin paillé du cahier des charges de l’IGP Vin de la Corrèze. Après deux mois sans réponse du ministère, elle considère, comme l’y autorise la loi, que la demande est rejetée.
“NOUS NE LEUR FAISONS AUCUNE OMBRE”
Les Jurassiens décident alors de s’en remettre au Conseil d’Etat. La plus haute juridiction française rend sa décision le 26 février 2014 et donne raison… aux Jurassiens. En effet, le syndicat de la viticulture du Jura reçoit lundi 17 mars 2014 la lettre de notification du Conseil d’Etat enjoignant les 17 viticulteurs corréziens concernés à faire disparaître la mention “vin paillé” de leurs étiquettes.
Le Conseil d’État sollicite également que soit mise à la charge de l’État une somme de 3000 euros, en clair une amende, pour avoir autorisé l’utilisation de la mention “vin paillé” en 2011.
Un arrêté qui surprend les 17 producteurs corréziens : “Nous ne savions même pas qu’il y avait eu une action devant le conseil d’Etat. On ignore même qui assure notre défense” affirme Jean Louis Roche, président du syndicat des viticulteurs de vins paillés. Une déclaration qui s’oppose aux dires d’Alain Baud, vice-président de la société de viticulture du Jura : “nous avons envoyé des lettres pour les prévenir et leur demander de stopper l’utilisation du terme vin paillé“. Daniel Cousin, directeur de la société de viticulture du Jura confirme : “s’ils ne savaient pas c’est qu’ils ne voulaient pas savoir !”
“NOUS NE NOUS BATTONS PAS CONTRE LA CORRÈZE, NOUS PROTÉGEONS NOTRE AOC”
Les Corréziens ne comprennent pas le combat que leur livrent les Jurassiens : “nous n’avons pas le même terroir, nous n’avons pas le même cépage, nous ne produisions pas le même vin. Nous ne produisons que 50 000 bouteilles en moyenne par an que nous vendons principalement dans la région. On ne leur fait donc aucune ombre !” plaide Jean Louis Roche.
Un argument que le Jura assure entendre. “Nous ne nous battons pas contre la Corrèze, nous protégeons notre AOC. Il y a eu d’autres histoires de la sorte avec d’autres producteurs qui utilisaient des termes qui portaient à confusion” affirme Alain Baud.
Le seul recours qui aurait pu sauver les Corréziens est la preuve que “vin paillé” est une “mention traditionnelle”. Une mention traditionnelle doit remplir deux conditions : une antériorité d’au moins 5 ans et une surface de commercialisation suffisamment grande. Les producteurs de vin paillé peuvent prouver qu’il existe depuis plus de 5 ans, mais le vin paillé est pénalisé par sa faible production et sa surface de commercialisation peu étendue.
Sur cette affaire, Jean Louis La Roche jette un regard empli de dépit et d’ironie : “à part dans notre région, rares sont les gens qui connaissent le vin paillé, cette histoire a au moins le mérite de faire parler de nous !”
Gouverneur Saint-Auban, Domaine de la Citadelle, 2009.
Pas de doute, Yves Rousset-Rouard a du flair. Et du talent. Tout comme il a produit, notamment, deux des plus gros succès du box-office, Emmanuelle et Les Bronzés, l’ancien publicitaire passé par la politique -il est maire de son village de Ménerbes- n’a pas hésité, en 1981, à acheter la Citadelle, cette propriété dont il a fait un joyau de la viticulture du Luberon. Et à laquelle il a génialement adjoint un original musée du Tire-Bouchon, qui draine une foule de touristes vers la petite cité provençale.
Sur son vignoble de 45 hectares, riche de terroirs tardifs et frais aux sols très variés, il a planté pas moins de 14 cépages! Avec son fils, Alexis, touché lui aussi par le virus viticole, ils élaborent de vrais nectars qui allient la finesse, l’intensité et l’élégance.
De grands rouges de gastronomie (où la syrah domine), plus proches des côtes-du-rhône septentrionaux que de ceux du Sud, comme la juteuse et harmonieuse cuvée Les Artèmes (13 euros le 2010), aux notes de cerise et de laurier; ou encore l’exceptionnel Gouverneur Saint-Auban (19,50 euros le 2009), qui exhale le cassis et la mûre, le poivre et la réglisse.
A convier sans réserve à la table de Noël.
Quel est le meilleur champagne à servir à Noël ?
La RVF dresse le palmarès inédit des 50 meilleurs champagnes de marque. À déguster d’urgence pour être sûr d’enthousiasmer famille et amis à Noël et pour les fêtes de fin d’année.
À quel rang se situent aujourd’hui les marques Dom Pérignon, Mumm, Ruinart, Nicolas Feuillatte,Taittinger, Bollinger, Piper-Heidsieck ou Lanson en Champagne ?À l’issue d’une dégustation exceptionnelle de 700 champagnes, notre expert Antoine Gerbelle, l’un des grands spécialistes français, livre dans La Revue du vin de France de décembre 2013 un palmarès inédit et riche de surprises (La RVF n°577, en kiosque vendredi 22 novembre, 6,20 euros). Son enquête porte sur les champagnes de grandes marques, avec toutes les étiquettes les plus connues. Son palmarès des 50 meilleures casse pas mal d’idées reçues.
Surprenant 4ème, la maison Gosset, bien connue des amateurs de Champagne revient au premier plan après une période en demi-teinte. Élaborées sans fermentation malolactique, ses cuvées « Brut grandes réserves », « Grand millésime blanc » ou « Extra brut Celebris » brillent par leur éclat, au point de devancer d’une place la mythique marque de luxe Dom Pérignon (5ème).
MOËT & CHANDON PREND L’ASCENDANT SUR MUMM ET POMMERY
Dans le registre du classicisme revisité, les maisons Deutz (9ème) et Philipponnat (inattendu 13ème) nous ont séduits par leur personnalité et leur élégance.
Du côté des poids lourds, la maison Moët & Chandon (groupe LVMH, 30ème), premier producteur de champagne en volume, prend l’ascendant sur ses concurrents Mumm (groupe Pernod Ricard, 35ème),Nicolas Feuillatte (38ème), Piper-Heidsieck (40ème), Pommery (41ème) et Lanson (42ème).
Du côté des découvertes, le petit négociant Henri Giraud (17ème) époustoufle avec ses pinots noirs d’Aÿ finement boisés, dont les arômes sont proches de l’univers du saké. Tout comme la maison A. R. Lenoble (14ème), qui livre des champagnes confortables et subtilement patinés, dans une gamme de prix encore raisonnables pour du haut de gamme (à partir de 30 euros).
JACQUART, NICOLAS FEUILLATTE, MAILLY GRAND CRU
Pour les budgets plus serrés, les champagnes issus de caves coopératives offrent les meilleures opportunités, notamment avec Jacquart (45ème) à partir de 23,50 euros, Nicolas Feuillatte (38ème) à partir de 23 euros, ou l’excellent Mailly grand cru (21ème) à partir de 34 euros.
Mais au fait, quels sont les champions qui occupent les trois premières places de ce palmarès ? Et qui s’est arrogé les 6ème, 7ème, 8ème et 9ème places ? Pour savourer l’intégralité de ce palmarès unique ainsi que les commentaires détaillés d’Antoine Gerbelle (42 pages d’analyses !), rendez-vous dans La Revue du vin de France de décembre 2013.
Rappelons que ce dossier porte exclusivement sur les marques de Champagne et non sur les champagnes de vignerons, qui feront l’objet d’une prochaine enquête.
Bonnes fêtes à tous !
Concours du Meilleur sommelier d’Europe : La Suède puissance trois !
Le suédois Jon Arvid Rosengren a remporté dimanche 29 septembre 2013 le concours du Meilleur sommelier d’Europe, devant le Français David Biraud et la candidate roumaine Julia Scavo.
Jon Arvid Rosengren (au milieu) remporte le Concours du Meilleur sommelier d’Europe. David Biraud (à gauche) termine deuxième et Julia Scavo (à droite) termine troisième.
Après Mikael Soderstrom, lauréat en 1990, et Andreas Larsson, vainqueur en 2004, Jon Arvid Rosengren est le troisième Suédois à remporter le titre de Meilleur sommelier d’Europe. C’était, dans le théâtre du casino de San Remo, dimanche 29 septembre 2013, et les trois finalistes ont assuré le spectacle !Le candidat suédois mais également la candidate roumaine basée sur la Côte d’Azur, Julia Scavo, et David Biraud, le représentant français qui est ainsi revenu en haut de l’affiche après un concours mondial compliqué, en avril dernier au Japon, ont disputé une finale remarquable.QUATRE FRANÇAIS EN DEMI FINALE
La veille, la demi-finale réunissait 10 candidats dont quatre Français : David Biraud mais aussi Julie Dupouy représentant l’Irlande, Rodolphe Chevalier le Luxembourg et Eric Zwiebel le Royaume Uni. Les autres étaient donc Julia Scavo (Roumanie), Aristide Spies (Belgique), Christian Thorsholt Jacobsen (Danemark), Matteo Ghiringhelli (Italie), Francesco Azzarone (Norvège) et Jon Arvid Rosengren (Suède).
Une épreuve de service, de gestion et d’accord mets et vins précédait celle de dégustation (un vin rosé espagnol, une shiraz d’Afrique du Sud, une eau de vie de prune, une tequila et un bitter allemand). Assez pour déterminer le trio final.
Devant plus de 300 spectateurs en grande partie refroidis par l’élimination du candidat italien troisième, trois ans plus tôt à Strasbourg, c’est donc le Suédois qui a signé la meilleure prestation. Il a su choisir un Moët et Chandon Grand vintage rosé 2002 pour accompagner un carpaccio de bœuf aux truffes, il a bien orienté le choix de clients qui souhaitaient accompagner leur repas de vins doux puis maîtrisé le service d’un magnum de vin rouge pour six autres.
GRÂCE À SON PALAIS PRÉCIS LE SUÉDOIS SE HISSE AU SOMMET DE L’EUROPE
Mais comme la veille, c’est surtout en dégustation qu’il a la plus forte impression. Une marsanne 2009 La Rodeline (Suisse), un Ribera del duero Rudeles 2009 (Espagne), un Barolo Beni di Batasiolo 2007 (Italie) et un Yarden blanc de Galilée 2010 (Israël) composaient la première partie. Puis il fallait identifier un Traminer Tresterbrand 2010 (Autriche), un gin américain, un Bourbon heaven hill (USA), une liqueur de fleur de sureau Vestal Amber (Pologne), un Pisano 2007 d’Uruguay et un Jägermeister (Allemagne). Un incroyable voyage !
À l’aisance, à l’élégance même de David Biraud dans toute la partie service et accord mets et vins, le Suédois opposait un palais précis qui lui valait ainsi de se hisser au sommet de l’Europe.
Comme en 2010, à Strasbourg, où le Suisse Paolo Basso s’était imposé, David Biraud termine second. Encourageant après une période de doute mais insuffisant pour une sommellerie française qui attend toujours un titre international depuis 2000.
Jérémy Martin
Un fort épisode orageux a touché mardi 23 juillet 2013 Beaune et plusieurs localités environnantes du vignoble bourguignon, causant de très lourds dégâts dans le vignoble.
Les orages, accompagnés de grêle et d’un vent violent, ont affecté de façon “catastrophique” le vignoble de Beaune (Côte-D’or), jusqu’à 90% à Pommard, déplorent mercredi 24 juillet les viticulteurs et représentants des vignerons.
“Le secteur entre Beaune et Pommard est le plus touché, à mi-coteau il est touché à 90%, et l’autre coteau entre Pommard et Volnay est touché à 70%. Tous les premiers crus sont touchés et en plus cela se produit pour la deuxième année consécutive, c’est catastrophique”, explique Jean-louis Moissenet, président du syndicat des vignerons de Pommard.
Selon le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne, les dégâts concernent Pommard, Volnay, Savigny-lès-Beaune et Pernand-Vergelesses.Le bilan provisoire des dégâts est lourd :
– Volnay : 30 à 70% du vignoble touché, toute l’appelation est concernée., les 1er crus touchés de 20 à 50%
– Beaune : 10à 90% selon les parcelles
– Aloxe-Corton : 30 à 50% touchés, notamment les 1er crus
– Meursault : touché au Nord, de 5 à 40%
– Pommard : de 50 à 70 % touchés, dont les 1er crus
LES VITICULTEURS COMMENCENT IMMÉDIATEMENT DES TRAITEMENTS POUR CICATRISER LA VIGNE
Peu après 15h30 mardi 23 juillet, un orage s’est abattu sur ce secteur, qui a duré longtemps, accompagné de grêle et d’un vent très fort, détruisant de nombreuses vignes, ont relaté des viticulteurs.“L’an dernier j’avais fait moins 60% de récolte et cette année j’en serai à moins 70 ou 80%”, ajoute M. Moissenet, qui va demander à la municipalité le classement du secteur en catastrophe naturelle.
Les viticulteurs devaient dans la journée commencer immédiatement des traitements pour cicatriser la vigne, afin que des maladies ne se développent pas, expliquent-ils.
“C’est assez catastrophique à Savigny-lès-Beaune” avance Caroline Chenu, présidente du syndicat des vignerons de cette commune. Elle a pour l’instant recensé “40 à 50% de pertes, et sur les vignes les plus touchées 80%, voire au-delà, avec un paysage de désolation, des vignes au feuillage inexistant ou par terre. La bande d’orage a touché toute la côte de Beaune”, relate Mme Chenu.
La préfecture de Côte-d’Or est mobilisée afin de faire un bilan des dégâts mercredi.
(avec AFP)

Les vins de l’été par trois sommelières parisiennes
Par François-Régis Gaudry, Philippe Bidalon et Charles Patin O’Coohoon – Photos: Young-Ah Kim pour L’Express Styles, publié le 25/06/2013 à 18:47, mis à jour le 26/06/2013
Rosé, rouge, blanc, champagne et vin de soif pas chers. Trois sommelières parisiennes nous dévoilent leurs étiquettes secrètes pour nos agapes estivales.
Découvrez les vins de l’été sélectionnés par trois sommelières de la capitale.
Solenne Jouan, sommelière franche du goulot
Mettre de l’eau dans son vin? Pas le genre de Solenne Jouan, qui joue du tire-bouchon au 6, Paul Bert, à Paris. Dans une interview à Rue89, en octobre 2012, elle raillait ces “casse-couilles de Français, qui connaissent tout, qui ont soi-disant tout bu, tout goûté”. “Mes propos ont été montés en épingle, j’adore mes clients, au point de me souvenir quand ils sont venus, où ils étaient assis, ce qu’ils ont mangé et ce que je leur ai servi à boire”, rectifie cette métisse franco-vietnamienne de 29 ans, au lourd passif dans le marketing de la mode. “Je défends le travail des vignerons” Au zinc du Baratin, à Paris, elle s’intéresse à d’autres robes. Se fait embaucher par la cuisinière, Raquel, enregistre tout ce qu’elle boit grâce à sa mémoire d’éléphant, peaufine ses connaissances oenologiques sous d’autres cieux bistrotiers, ceux de Vivant et de Saturne. Celle qu’on croirait encartée “vin nature” se revendique pourtant “sans étiquette”. “Quand je sers une bouteille, je ne mets pas en avant le côté nature, bio, non sulfité. Je défends avant tout le travail des vignerons artisans qui entrent en vibration avec leur terroir. Spontanément, je pense à Yann Durieux, en côtes-de-nuits, Alice Bouvot et Charles Dagand à Arbois, Anne Paget à Tours…” L’ardoise du 6, Paul Bert n’est pas vraiment “bordocentrée”. Quoique… “Le travail de Jacques Broustet est formidable, au château Lamery, en Gironde.” Pour l’apéro domaine de L’Anglore, Tavel 2012, 17 euros. “Ce rosé de Tavel signé Eric Pfifferling en bio est d’une subtilité incroyable, et son fruit ample (grenache, cinsault, clairette et carignan) respire la garrigue et le soleil !” Avec une côte de boeuf Domaine Azienda agricola, munjebel 8, vin de table (italie), 42 euros. “Sur les pentes de l’Etna, en Sicile, Franck Cornelissen fait de Munjebel (rouge 100% nerello mascalese) un vin vivant, puissant et frais à la fois. Et il y a zéro sulfite dans la bouteille.” Avec un poisson grillé domaine chassorney, Saint-Romain Combe Bazin 2010, 30 euros. “Ce très grand bourgogne blanc cultivé en bio de Fred Cossard n’a rien à envier à ses voisins de Meursault. Il impressionne notamment par sa complexité aromatique.” Pour une grande occasion Champagne Georges Laval Cumières premier cru, brut Nature, 40 euros. “Ce champagne à base de chardonnay (50%), pinot noir (25%) et pinot meunier (25%) est d’une pureté extrême, avec une belle longueur minérale en bouche. Il dégage des notes florales, fruitées qui se marient très bien avec du foie gras.” Son coup de coeur à moins de 20 euros Domaine autour de l’anne, Anagramme, vin de france, 15 euros. “Les grenaches sont issus de vignes du Languedoc cultivées en bio et sont vinifiés sur place. C’est dans la Loire qu’Anne Paillet les élève en cuve durant un an. Un délicieux vin de soif rouge avec des arômes de fruits noirs en bouche, parfait sur une volaille.”

Laura Vidal, sommelière québecoise repérée par Grégory Marchand.
Photo: Young-Ah Kim pour L’Express Styles
Laura Vidal, L’échanson venu du froid
Laura Vidal, sommelière québecoise repérée par Grégory Marchand. Young-Ah Kim pour L’Express Styles Cette fille du Québec a découvert le monde du vin durant ses études, dans la capitale de la Belle Province. Les cours d’économie à l’université la journée, le service dans un restaurant italien le soir, son initiation débute par les chiantis et autres barolos. Le Club Chasse et pêche, table réputée de Montréal, l’accueille. La jeune femme y apprend le métier, dévore tous les ouvrages sur le vin qu’elle trouve et disserte vite avec aisance sur les références d’une carte des vins ouverte sur le monde, l’une des plus belles du Canada. Une ouverture qui l’amène à Paris, en septembre 2011, où elle vient défendre les cidres de glace de son pays. Là, elle rencontre Grégory Marchand. Le jeune chef talentueux, formé à Londres et à New York, recherche justement ces fameux trésors de pomme et… une sommelière. Directrice de salle à 29 ans Laura rejoint alors l’aventure de Frenchie, petit temple de la bistronomie de la rue du Nil, à Paris auquel Grégory adjoint bientôt un bar à vins et, tout récemment, un concept street food remarquable. Désormais directrice de salle à 29 ans, Laura a recruté deux sommeliers pour la seconder dans ces trois établissements qui, sous son impulsion, proposent quelque 250 références, où voisinent vins nature, crus classés et, surtout, jolis flacons qu’elle a dénichés au cours de ses virées dans les vignobles. Ses préférences? “Les blancs tendus et minéraux, les rouges ni trop riches ni trop extraits”. En attendant de décrocher son master de sommelière, à Londres, qu’elle prépare avec passion, Laura s’initie à la bière. Une boisson très canadienne. Pour l’apéro Domaine des Terres Promises, Bandol 2012, 15 euros. “Ce rosé de Jean-Christophe Comor est croquant, avec le profil classique des rosés de l’appellation: minéralité, fraîcheur, tension et garrigue. Parfait, aussi, avec des moules, des violets ou des grillades.” Avec une côte de boeuf Mas del Périé, Cahors, La Roque 2012, 12,50 euros. “Jeune vigneron passionné, Fabien Jouves est un futur grand de Cahors. Son rouge à base de malbec, issu d’un terroir argilo-calcaire et caillouteux, délivre une grande minéralité et une belle richesse apportée par un élevage maîtrisé.” Avec un poisson grillé Domaine Hatzidakis, assyrtico de mylos 2009, 22 euros. “Le cépage assyrtico est planté sur le terroir aride et ensoleillé de l’île de Santorin, en Grèce. La salinité inouïe de ce vin blanc se ressent en fin de bouche et accompagne à merveille tout poisson de la Méditerranée.” Pour une grande occasion Champagne Pascal Doquet, grand cru Le Mesnil-sur-Oger, blanc de blancs 1996, 33 euros. “Une grande année dans la côte des Blancs. Ce chardonnay se révèle crémeux, minéral, évolué. A déguster avec un poisson noble, un homard ou simplement en vin de méditation.” Son coup de coeur à moins de 10 euros Domaine des Huards, Cheverny 2010, 8 euros. “Cet assemblage (pinot noir et gamay) de Michel Gendrier est fin, gourmand, léger. Un vin rouge parfait pour l’été, avec des notes florales, une belle subtilité et un excellent rapport qualité/prix.”
Estelle Touzet, Le Calice du Meurice
Estelle Touzet, sommelière au Meurice à Paris. Sous les ors du Meurice, elle est une robe dans un palais. A 32 ans, Estelle Touzet est la sommelière en chef de ce grand hôtel parisien. Une place au palace issue d’un parcours initié dès la classe de cinquième: Denis Hervier, son professeur d’histoire-géographie -et chroniqueur vin à France Bleu-, évoque en cours une bouteille d’exception: le clos-vougeot. Une cave de 35.000 bouteilles La petite Estelle tombe dans le flacon, part s’engaillardir à l’école hôtelière de Brive et file ensuite jouer les commis-voyageuses entre Paris et Londres. S’il est toujours “délicat pour une femme d’évoluer dans un milieu d’homme”, la native du Berry est devenue, rue de Rivoli, le nez armé d’une sacrée armada: 1100 références, 35.000 bouteilles, une cave partagée entre les “grands noms et les petites pépites”, avec une volonté d’élargir la centaine d’étiquettes étrangères. L’année dernière, elle était sacrée sommelier de l’année, un juste couronnement pour cette comtesse du Berry. Pour l’apéritif Domaine Gavoty, Cuvée Clarendon 2011, Côtes-de-Provence, 14,50 euros. “C’est le traditionnel rosé qui fait bronzer. L’encépagement grenache, cinsault et syrah donne à ce vin un côté gourmand et convivial avec une belle densité.” Avec une côte de boeuf Domaine la Marèle 2005, vin de pays d’Oc, 54 euros. “Partenaire idéal d’une belle viande au barbecue, le rouge de Frédéric Porro du pays d’Oc est gourmand, épicé, racé et bien structuré autour de la syrah et du cabernet-sauvignon. Un vin digeste aux tanins soyeux.” Avec un poisson grillé Petite Arvine 2011 de Christophe Abbet, 18 euros. “Le vigneron vedette du Valais suisse sort un blanc qui mise sur la fraîcheur avec des notes de fleurs blanches et d’agrumes. Superbe avec un poisson grillé à l’huile de sésame.” Pour une grande occasion Champagne Jacques Lassaigne, Les Vignes de Montgueux, 32 euros. “Le récoltant manipulant de l’Aube est une valeur sûre. Son blanc de blancs est frais, croquant, cristallin, et accompagnera même un grand repas d’été.” Son coup de coeur à moins de 10 euros Reuilly de Claude Lafond, Cuvée La Raie 2011, 7,60 euros. “C’est un sauvignon croquant, sur la fraîcheur et la minéralité, parfait sur un saumon mariné avec fenouil, aneth et citron.”
Primeurs 2012 à Bordeaux : les destins croisés des deux Pichon
Les amateurs l’ont compris, la campagne de vente des primeurs est difficile cette année. Les trajectoires antagonistes des deux châteaux Pichon, Longueville Baron et Comtesse de Lalande, démontrent que certains choix humains comptent autant que la qualité des vins.
Baron qui décroche dans les ventes en primeur, Comtesse qui remonte : la campagne 2012 bouscule la hiérarchie entre les deux rivaux de Pauillac. Pour la première fois depuis longtemps, Pichon Comtessese vend mieux que Pichon Baron alors que des experts, surtout français, jugent le second supérieur sur le plan de la qualité.
Que s’est-il passé ? Bien que les ventes de caisses de château Pichon Longueville Baron ne soient pas encore closes (il faudra attendre la fin de leur campagne pour connaître l’étendue des dégâts), les premières tendances sont à la baisse. Explication principale : un prix « mal placé » selon les professionnels bordelais, autrement dit trop cher. De nombreux observateurs estiment d’ailleurs que toutes les allocations de Pichon Baron ne seront pas prises cette année.
En privé, plusieurs courtiers bordelais interrogés par La RVF se disent las de ces « super seconds » qui refusent de baisser leur prix sous prétexte que le voisin de terroir ne le fait pas. Ils ne comprennent plus ces seconds crus classés du Médoc, dont Pichon Baron, qui refusent par exemple de « sortir » à un prix inférieur à celui de château Pontet-Canet, un cinquième cru classé dont la marque est très forte et qui pratique en conséquence des prix de second cru classé.
De l’avis de plusieurs experts, Pichon Baron a été orgueilleux cette année, au moins lors de la fixation de ses tarifs. Les deux frères de Pauillac étaient sortis au même prix en 2011 : 60 euros (prix propriété). Mais ils n’ont pas suivi la même stratégie en 2012. Comtesse est sorti à 48 euros alors que Baron s’est accroché à un prix plus élevé, 54 euros. Traduction par le marché : Comtesse a pris la mesure de la difficulté du millésime tandis que Baron a voulu passer en force. Comme si les super-seconds ne voulaient pas se comporter comme des seconds.
Les conséquences ont été immédiates. Les ventes de Pichon Comtesse sont déjà clôturées et se sont plutôt bien passées. « Les années précédentes, vendre Baron était aisé, maintenant c’est plus difficile. À l’inverse, jusqu’à présent, vendre Comtesse était plus délicat, mais ça s’arrange cette année. » nous confie un négociant historique de la place.
Mieux, des courtiers saluent désormais l’audace de Comtesse ! Le tout nouveau directeur général de château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, Nicolas Glumineau, « vient d’acheter ses lettres de noblesses ! Avec ce comportement, il a démontré qu’il était capable de fixer son prix sans tenir compte de son voisin », s’enflamme un professionnel réputé.
POURTANT LA QUALITÉ EST LÀ !
Autre facteur décisif : depuis deux ans, Robert Parker note mieux Pichon Comtesse que Pichon Baron. L’avis de l’Américain pèse très lourd dans la décision des acheteurs, surtout à l’international. Les experts français, eux, sont plus nuancés.
Pour Olivier Poels, dégustateur pour La RVF, Pichon Baron présente une régularité exceptionnelle au plus haut niveau. Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde 2000, juge lui que Pichon Baron est l’un des meilleurs seconds crus classés de l’appellation, au-dessus de sa voisine la Comtesse. « Classique, rigoureux, stable, il est le pauillac par excellence, très cabernet. Pichon Comtesse est plus merlot, plus charmeur et séducteur. Personnellement, je place plus haut le classicisme de Baron. »
DANS LA FAMILLE PICHON LONGUEVILLE …
Ces péripéties tarifaires sont le dernier épisode d’une longue histoire de famille. Les châteaux Pichon Longueville Baron et Comtesse de Lalande s’observent d’autant plus attentivement qu’ils sont frères de sang. Ils ne formaient autrefois qu’une seule propriété, l’Enclos Rauzan, créée par le riche bourgeois bordelais Pierre de Mazure de Rauzan à la fin du XVIIe siècle.
Son petit-fils, le Baron Joseph de Pichon-Longueville, a donné son nom à la propriété. À sa mort, en 1850, le domaine est divisé en deux : ses deux fils, les barons, reçoivent deux cinquièmes du vignoble et les installations viticoles, et ses trois filles reçoivent les trois autres cinquièmes. Une des filles, mariée au comte de Lalande, prend en main le vignoble féminin.
Voilà donc deux châteaux Pichon-Longueville classés deuxièmes crus en 1855, l’un Baron, l’autre Comtesse de Lalande. L’un aux hommes, l’autre aux femmes, ils sont uniquement séparés par la jolie route des châteaux du Médoc, et s’observent depuis plus de cent cinquante ans.
Aujourd’hui, Pichon Comtesse appartient à la puissante famille champenoise Rouzaud, propriétaire de la maison de champagne Louis Roederer, ainsi que des châteaux de Pez et Haut Beauséjour en bordelais, le fameux Ott en provence, mais aussi de Ramos Pinto au Portugal ou encore de domaines américains. Cette maison est dirigée par Frédéric Rouzaud.
Pichon Baron appartient au groupe Axa Millésimes (branche vinicole de la compagnie d’assurance Axa) qui possède également les châteaux Suduiraut, Petit-Village et Pibran en bordelais, mais aussi un Nuits-Saint-Georges, un languedoc (Belles Eaux), un vin hongrois et un portugais. Le Britannique Christian Seely dirige le domaine depuis 2000, faisant suite à Jean-Michel Cazes.Bien sûr, cet article présente une photographie d’une campagne encore en cours. Le bilan définitif ne pourra être dressé que lorsque toutes les ventes seront clôturées.
Vendanges catastrophiques dans l’UE cette année
Le Monde.fr avec AFP |

Les vendanges ont été catastrophiques en 2012 dans l’Union européenne (UE) avec un recul de 10 % par rapport à l’année dernière du fait des mauvaises conditions climatiques, a annoncé, jeudi 18 octobre, la fédération des organisations agricoles Copa-Cogeca. “En Italie et en France, cela faisait quarante voire cinquante ans que l’on n’avait pas connu une aussi mauvaise récolte”, a souligné Thierry Coste, président du groupe de travail “vin” dans cette fédération.
La récolte devrait atteindre quelque 144 millions d’hectolitres dans toute l’UE, avec un fort déclin constaté dans l’ensemble des principaux pays producteurs. Elle est la conséquence de la sécheresse dans les pays du Sud et des conditions météorologiques froides et humides dans d’autres Etats.
La Copa-Cogeca prévoit également une baisse de la production de vin au niveau mondial. Selon elle, les exportations du secteur vitivinicole européen ont atteint la valeur de 8 milliards d’euros en 2012, soit presque un quart des exportations européennes de produits agricoles.
“MIEUX ADAPTER LA PRODUCTION À LA DEMANDE”
Pour l’organisation, le caractère cyclique de la production justifie la nécessité de créer un Observatoire européen du marché vitivinicole, qui permettrait de disposerd’informations actualisées concernant le marché, “afin de permettre aux producteurs de mieux adapter la production à la demande”.
La Copa-Cogeca soutient également les démarches de 11 pays européens, dont les principaux producteurs comme la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal, qui souhaitent revenir sur la fin programmée des “droits de plantation”. Ce système de contrôle des vignobles était appelé à disparaître d’ici à 2018 afin de permettred’adapter la production à la demande internationale et aux effets de mode, en donnant aux vignerons le libre choix de planter les cépages qu’ils souhaitent.
Si cette libéralisation a lieu, “l’industrialisation pourrait menacer la richesse de l’offre européenne de vin et perturber significativement l’équilibre de l’ensemble de la filière vitivinicole”, a jugé M. Coste. La Commission européenne a annoncé fin septembre “réfléchir” au maintien d’un système de gestion des vignes, plus“souple” que l’actuel.
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Interview Pour ce spécialiste, l’offensive chinoise sur les vignobles français peut être salvatrice.
Le rachat, fin août, du château de Gevrey-Chambertin, en Bourgogne, par un homme d’affaires chinois a suscité un vif émoi. Spécialiste de l’économie du vin et auteur de la Guerre des vins, Benoist Simmat dédramatise.
Faut-il s’alarmer du passage de Gevrey-Chambertin sous pavillon chinois ?
Non, c’est plutôt une bonne nouvelle. Ce magnat de Macao a payé très cher un domaine de qualité moyenne, plus vraiment entretenu. Question de prestige : Gevrey-Chambertin est une marque mondiale, un symbole. Il veut restaurer le château, a engagé un vigneron français pour améliorer le vin. Mais c’est ressenti comme un traumatisme et exploité par le Front national car notre vignoble était toujours resté français.
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Depuis peu, les Chinois font massivement leurs emplettes dans le vin…
C’est vrai. Une vingtaine d’opérations de taille moyenne ont eu lieu à Bordeaux depuis la fin 2010. Cela va s’accélérer. Il y aura une grosse transaction fin septembre dans le Bordelais, sans doute un grand cru. Les Chinois vont aussi s’intéresser au Languedoc et aux vins de Loire. Mais là encore, on peut l’interpréter positivement. Le vin, c’est près d’un tiers des exploitations agricoles françaises, il y a chaque jour des domaines en vente et pas assez de repreneurs. Quelques dizaines de rachats par des étrangers tous les ans, ce serait plutôt sain. Bien sûr, si tous les domaines à vendre devenaient chinois, cela poserait problème. Mais le vignoble restera quasi exclusivement français. Ces vingt dernières années, tous les grands noms à vendre ont été repris par les capitaines d’industrie tricolores, les Pinault, Arnault, Bouygues, etc.
Comment sont perçus ces investisseurs venus d’Asie dans le Bordelais ?
Pour l’instant plutôt bien. Les équipes sont restées en place, il y a de nouveaux moyens, des gages de respect mutuel. Prenons le plus gros rachat à ce jour : Château de Viaud, un lalande-de-pomerol acquis début 2011 pour environ 10 millions d’euros par Cofco, le Danone chinois, qui produit une des plus grandes marques chinoises de vin, Great Wall. Quand le dirigeant de Cofco s’est vu remettre les clés du domaine, le vigneron vendeur lui a offert une bouteille de son année de naissance pour témoignage de sa confiance. La vraie question est de savoir où ira le vin. Si 100% des Viaud sont vendues en Chine sous un label différent, par exemple Great Wall, là c’est un problème : un château bordelais disparaîtrait. Or, les besoins du marché chinois, désormais un des plus gros du monde, sont énormes.
Pourquoi les Chinois s’intéressent aux grands vins ?
Ils sont devenus de sincères aficionados, via leur culture du thé, qui est aussi une boisson de dégustation. Et le vin existe en Chine occidentale depuis le IVe siècle. Mais il y a surtout une dimension politique : pour eux, c’est du «soft power». Il y a une dizaine d’années, Pékin a repéré le vin comme étant la boisson de la mondialisation et en a fait un pan de sa stratégie d’acquisition du pouvoir, au même titre que le tourisme, le luxe ou la gastronomie. La Chine veut devenir la première puissance mondiale du vin, en consommation, en production comme en commerce.
Comment s’y emploie-t-elle ?
D’abord en développant son propre vignoble. Y compris au niveau qualitatif. Les Chinois identifient de vrais terroirs, créent de grands domaines, souvent gérés par des Français. Parallèlement, ils ont décidé de faire de Hongkong la plaque tournante du marché mondial des grands vins. C’est déjà chose faite ! Acheter des sources d’approvisionnement direct en France, qu’il s’agisse de châteaux ou de négociants, et sans doute bientôt en Italie et en Californie, n’est qu’une des ramifications de leur stratégie.
Trouvera-t-on bientôt ces vins chinois dans nos rayons ?
La Chine exporte déjà. Cela ne se voit pas en France, où le marché est fermé aux vins étrangers, mais depuis deux ou trois ans, on trouve partout ailleurs les grandes marques génériques de vins chinois comme Dynasty et Great Wall. Dès l’an prochain, nos cavistes proposeront des grands crus chinois, souvent de qualité et développés par des Français. Le groupe LVMH cherche à élaborer un grand vin dans le Yunnan. La famille Rothschild va sortir le duplicata chinois de son lafite en 2015 au Shandong, dans l’Est.
Vous dites dans votre livre la Guerre des vins que le vin est devenu aussi stratégique que le pétrole ou l’or. N’est-ce pas exagéré ?
Le pétrole et l’or n’ont jamais été aussi chers, ils font l’objet d’une spéculation sans précédent. C’est aussi ce qui se passe depuis dix ans pour «l’or rouge». A Londres, un indice boursier indexe les 100 grands crus les plus recherchés. De fin 2008 à fin 2011, en pleine crise, ce «CAC 40» du vin a grimpé de 150%.
Quels sont les autres pays engagés dans cette guerre d’un nouveau genre ?
Ce que réussit la Chine, toutes les nations le tentent. En quinze ans, la «géopolitique» du vin a été chamboulée. Plus de 120 pays en produisent. Dernier en date, l’Ethiopie. Chaque continent a son leader. En Asie, c’est de loin la Chine, mais l’Inde arrive ! En Amérique du Sud, c’est l’Argentine. Au Nord, les Etats-Unis sont devenus le premier marché mondial en 2012.
Et en Europe ?
La France n’a pas perdu la guerre. Au contraire. Il y a cinq ans, on croyait que les armes absolues seraient les marques mondiales, comme Castel, Gallo ou Mondavi. Ou les cépages, type chardonnay ou pinot noir. Or le modèle français, fondé sur le terroir, s’impose à nouveau. Toute la planète s’intéresse à la dégustation, à la discussion autour du vin. Nous avons gagné le plus important: la guerre du goût.
Photo Audoin Desforges pour Libération
Benoist Simmat . CV.
Né en 1973, Benoist Simmat est un journaliste spécialisé dans l’économie du vin. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages consacrés au breuvage, dont In Vino Satanas, avec Denis Saverot (Albin Michel, 2008).
Il vient de publier la Guerre des vins, coécrit avec Aymeric Mantoux (Flammarion) et Champagne! Le DomPérignon code, dessins de P. Bercovici (12 bis).
Hollande soutient la candidature du Champagne à l’Unesco
Septembre, 2012
Ils vont pouvoir sabrer une bonne bouteille. Les professionnels du Champagne sont ravis:François Hollande leur a assuré qu’il soutiendrait la candidature des «coteaux, maisons et caves de champagne» au patrimoine mondial de l’Unesco.«J’ai entendu le message qui m’a été adressé par rapport à l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Je soutiendrai ce projet», a promis M. Hollande dans un discours. Lors de la visite du chef de l’Etat à la foire de Châlons-en-Champagne vendredi, Pierre Cheval, le président de l’association «Paysages du Champagne» porteuse de cette candidature a remis une synthèse du dossier à M. Hollande, au nom des acteurs concernés (la filière viticole, cinq départements et les 319 communes de l’aire d’appellation Champagne).
Plusieurs années d’instruction du dossier avant un classement à l’Unesco
«J’exulte de joie. C’est un grand pas vers le début de la reconnaissance du dossier au niveau national», a déclaré M. Cheval, viticulteur qui travaille sur le dossier de mille pages depuis sept ans.
Chaque année la France présente deux dossiers en vue de l’inscription au patrimoine mondial. Le comité des biens français, composé d’experts et de personnalités, doit faire des propositions d’ici la fin de l’année.
Le gouvernement annoncera début 2013 les deux candidatures qui porteront les couleurs de la France lors d’une prochaine session de l’Unesco consacrée à l’inscription au Patrimoine mondial.
L’instruction des dossiers par l’Unesco prend ensuite plusieurs mois, voire des années.